Les étudiant-e-s d’histoire des techniques de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne organisent chaque année des « masterclass ». Ces journées d’études ont pour objectif de développer une réflexion thématique entre étudiants et chercheurs confirmés.
Cette année notre masterclass propose de « penser la technique avec Jacques Tati ». Il s’agira de s’interroger sur la place de la technique dans l’œuvre du réalisateur.
Jacques Tati (1907-1982) a tourné la plupart de ces six long-métrages pendant les Trente Glorieuses, l’avènement de la société de consommation en France. Cette période fut témoin d’une augmentation des objets techniques dans la vie quotidienne des ménages français: la télévision, la voiture et l’électroménager peuvent être considérés comme des objets phares du technicisme de la culture matérielle d’après-guerre en Europe.
Tati interroge le fonctionnement culturel de ces techniques, la façon dont elles étaient intégrées dans la société de cette époque. Son œuvre cinématographique montre que la fonction primaire de la technique est la représentation d’un statut social. La technique est un fait de classe.
D’un point de vue anthropologique, Tati s’étonne dans ses films que l’homme se plie à la technique. La technique perd son caractère prothétique, elle n’est plus une extension de l’homme mais l’homme devient une extension de la technique. Il suit les flèches.
Une question importante de notre masterclass porte sur les différences entre les savoirs artistiques et les savoirs de la recherche universitaire, la différence entre travaux cinématographiques et études académiques : Quelles idées nouvelles les films de Tati apportent- ils pour une histoire culturelle des techniques? Montrer l’aliénation de l’homme devant le progrès n’est pas une qualité unique du cinéma. Il existe un grand nombre d’études socio- anthropologiques sur ces questions et on pourrait dire que le travail cinématographique de Tati forme la part visuelle de ces discours sur l’ambivalence des techniques.
Mais l’art ne s’épuise pas en illustrant les résultats de la recherche sociologique. Au contraire : Le cinéma peut être une forme de recherche visuelle qui décrypte l’appropriation humaine des objets techniques. L’ambition de cette masterclass est de souligner cette force unique du cinéma pour exhiber des qualités des objets techniques par des moyens visuels.
Pour penser la technique, Tati ne choisit pas des moyens discursifs, mais esthétiques. La qualité de son cinéma se trouve dans sa façon de créer des images qui captent des moments clés de la relation entre l ́homme et la technique. On apprend par exemple que le dysfonctionnement de la technique humanise ses utilisateurs.
Samedi 1 juin 2013 / 9h00 – 13h00
Centre Malher / Amphithéâtre Dupuis
9, rue Malher
75181 Paris
Metro Saint Paul
09H00-09H30
Introduction : Penser la technique avec Jacques Tati
Fabian KRÖGER (Doctorant en Histoire des Techniques et Sciences de la Culture, Université Paris 1 et Humboldt Université de Berlin)
Panel 1
09H30-09H45
Tati, dramaturge et penseur de l’injonction technique
Florian HORREIN (Étudiant M2 Histoire des techniques)
09H45-10H15
Tati, critique de la ville des Trente Glorieuses
Annie FOURCAUT (Centre d’histoire sociale du XXe, Univ. Paris 1)
10H15-10H30
Discussion
Panel 2
10H30-10H45
Automobile et modernité chez Tati, les interrogations d’un cinéaste
Laure CICCIONE (Étudiante M1 Histoire des techniques)
10H45-11H15
Tati et la fascination automobile. Premiers regards ironiques sur l’objet fétiche du XXe siècle
Mathieu FLONNEAU (IRICE, Université Paris 1)
11H15-11H30 Discussion
Panel 3
11H30-11H45
Humains, machines et société : Quelle Cybernétique chez Tati ?
Thibault MICHEL (Étudiant M1 Histoire des techniques)
11H45-12H15
Loisirs chez Tati, loisirs d’après-guerre ?
Pascale GOETSCHEL (Centre d ́histoire sociale du XXe, Univ. Paris 1)
12H15-12H45 Discussion générale
13H00-14H00 Déjeuner